Grand prix du jury pour « We were Rebels »

Hier soir, lors de la cérémonie de clôture du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH) de Paris, le jury a décerné son grand prix dans la compétition officielle au film We were Rebels de Katharina von Schroeder et Florian Schewe. A travers la figure charismatique d’Agel, ancien enfant-soldat devenu directeur d’une ONG, les réalisateurs captent deux années-clefs dans l’histoire du Soudan du Sud, depuis l’indépendance en 2011 jusqu’au basculement dans la guerre civile en 2013. Un documentaire au propos poignant et à l’esthétique soignée.

Le Soudan du Sud : un Éden en guerre

Grand comme la France et la Belgique réunis et peuplé par 9 millions d’habitants, le Soudan du Sud est une terre verdoyante et fertile, arrosée par le Nil blanc et le Bar el-Ghazal. Les réalisateurs filment avec beaucoup de délicatesse la beauté des paysages, des visages, des tissus, des bijoux, des lumières… C’est une terre pleine de promesses qu’ils nous donnent à voir, malgré un contexte particulièrement difficile. 90% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, la corruption atteint des niveaux records, l’unité de la nation est mise en péril par des conflits ethniques et l’économie est totalement dépendante du pétrole.

Le Soudan du Sud, majoritairement africain et chrétien, a pris son indépendance le 9 juillet 2011 après 22 ans de guerre civile contre le gouvernement arabe et musulman du Nord. Bilan : 2 millions de morts et plus de 4 millions de déplacés, soit l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est donc sur les cendres encore chaudes de cette guerre que le Soudan du Sud va tenter de se (re)construire.

Le film s’ouvre sur la fête qui accompagne la déclaration d’indépendance. Le peuple est en liesse, l’espoir triomphe et personne – surtout pas Agel, le « héros » du film – ne veut croire que cet État est mort-né.

La vie d’Agel

Pendant deux ans, les réalisateurs ont accompagné Agel dans son quotidien de capitaine de l’équipe nationale de basket puis de directeur d’ONG pour l’accès à l’eau potable au Soudan du Sud. Cet ancien enfant-soldat qui a combattu au sein des forces rebelles a choisi de consacrer toute son énergie à la réussite de son pays. Avec une détermination farouche et un optimisme non dénué d’aveuglement, il s’engage corps et âme pour que le Soudan du Sud devienne « prospère, uni et démocratique ».

Agel pourrait être un personnage de fiction. Sa vie et sa personnalité, captivantes et complexes, sont celles d’un héros de roman. S’il défend aujourd’hui des valeurs de paix et de démocratie, Agel est marqué à vie par son passé d’enfant-soldat. « Si tu es plongé trop longtemps dans la guerre, tu finis par l’aimer », dit-il. Entre traumatisme et fascination, il raconte son expérience dans l’une des scènes les plus marquantes du film. Assis sur un lit, un fusil AK-47 dans les mains, il fait semblant de tirer une rafale et dit :

J’adore. Le Libérateur ! Merci, Mikhaïl Kalachnikov. Sacré taré. Comment tu veux concevoir une arme comme ça ? Quand tu vois quelqu’un qui a été la cible d’un AK-47, tu dirais que cette personne a été renversée par un camion. C’est une arme conçue pour des pauvres comme nous. […] L’entraînement était terrible. Extrêmement traumatisant. Ils s’en fichaient que tu puisses mourir.

La scène est filmée simplement, sans aucune intervention extérieure et en laissant à Agel le temps de dérouler son histoire. Pour nous autres, jeunes et moins jeunes spectateurs n’ayant jamais connu la guerre, cela suffit à faire voler en éclats tous nos repères.

La métaphore du match de Basket

Au cours du film, on apprend qu’Agel a étudié et travaillé huit ans en Australie. Il appartient donc à l’élite intellectuelle, et probablement économique, de son pays. Une élite éclairée et constructive, par opposition aux dirigeants qui se déchirent et replongent rapidement le pays dans le chaos. Pour illustrer cette incapacité à exercer le pouvoir dans l’intérêt commun, les réalisateurs passent par une astucieuse métaphore : le match de basket.

A la mi-temps du match qui oppose le Soudan du Sud à l’Ouganda, une nuée d’entraîneurs s’agglutine autour des joueurs sud-soudanais et se coupe la parole pour donner son analyse, son conseil, sa remontrance… Jusqu’à ce qu’Agel explose :

Il y a trop de coachs ! Ça devient n’importe quoi à cause d’eux. Un seul coach suffirait ! On ne comprend rien à ces conneries !

A l’échelle du terrain de basket comme à l’échelle nationale, l’ivresse du pouvoir mène tout droit à la défaite. En juillet 2013, le président Salva Kiir limoge son vice-président Riek Machar après que celui-ci lui a fait part de sa volonté de se présenter aux élections présidentielles. Par la suite, Salva Kiir accuse Riek Machar d’avoir fomenté un coup d’État. Une nouvelle guerre civile s’engage alors, opposant les Dinka (le groupe ethnique majoritaire au Sud-Soudan, favorable à Salva Kiir) aux Nuer (favorables à Riek Machar).

Les dernières images du film montrent des villages détruits, des maisons incendiées, un camps de réfugiés, des cadavres. Deux années seulement se seront écoulées avant qu’Agel ne reprenne les armes. Mais la guerre s’est totalement vidée de son sens. Jusqu’en 2005 il se battait pour la reconnaissance de son pays ; aujourd’hui il tue ses propres frères :

Je n’ai plus ressenti cette envie de partir en guerre. […] Avant, nous luttions pour la liberté, l’indépendance et l’avenir du peuple sud-soudanais. Nous combattions l’asservissement, l’islamisation et l’arabisation forcées. Il y a avait des motivations concrètes. […] Mais maintenant, nous nous entretuons en vain.

On repense alors à un débat qu’Agel a eu un peu plus tôt avec un collègue de son ONG. C’est la nuit, durant la saison des pluies. Le 4×4 de l’ONG s’est embourbé au milieu de nulle part. Les insectes, les oiseaux et les grenouilles s’époumonent.  Pour le collègue d’Agel, c’est le pays entier qui est embourbé :

Il n’y a rien qui laisse espérer en des jours meilleurs. On n’est au courant d’aucun projet. […] On voit bien que l’enfant [le Soudan du Sud] ne survivra même pas.

Agel laisse à peine parler son collègue. Il le discrédite en une phrase : « Tu es à des années lumières de la réalité politique », et lui oppose un discours volontariste :

Si tu penses que ton pays va échouer, il échouera. Si tu crois en lui, il réussira. Ton pays dépend de toi.

La confiance affichée d’Agel sera balayée quelques mois plus tard. Un récent article paru dans Libération témoigne de la barbarie de la guerre civile qui a débuté en 2013, et rapporte les chiffres établis par l’ONU : 50 000 morts et 2,3 millions de déplacés. Bilan provisoire.

Julie Briand

Regardez la bande-annonce de We were Rebels, de Katharina von Shroeder et Florian Schewe en suivant ce lien.

Merci à Emmanuelle Hus et Arthur Simsa de l’École Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs (ESIT) pour le sous-titrage du film en français. Les extraits de dialogues repris dans cet article sont issus de leur traduction.

Une belle rose privée d’épines

 Entre le documentaire et la fiction, le film de Sepideh Farsi prend place à l’époque de l’élection présidentielle de 2009. Malgré les longueurs, le film est convainquant, porté par des acteurs très impliqués.

Le film Red Rose est projeté dans le cadre du Festival international du Film des Droits de l’Homme : s’il n’est pas un documentaire comme la plupart des films projetés, il se fonde sur des faits réels, justifiant ainsi sa présence au sein du Festival. Il raconte l’histoire d’amour entre Ali et Sara, sur fond de manifestations survenues à Téhéran à la suite de l’élection présidentielle controversée de 2009. Sara, 25 ans, se réfugie avec ses amis dans l’appartement d’Ali, 50 ans, pour échapper à la police. Un regard suffit pour enflammer la jeune femme, passionnée, qui décide de retourner chez son sauveur. Une passion se noue alors, en huis clos – Ali ne sortant jamais de chez lui et partageant sa désillusion quant à l’avenir de ladite Révolution Verte. Sara, en revanche, passe ses journées dans la rue, à réclamer le droit de vivre en démocratie, espoir que la génération d’Ali a vu se briser après la chute du Shah et l’avènement de la République islamique de Khomeini.

Passionnée par son sujet si sensible et sans doute captivée par deux acteurs très investis, Sepideh Farsi oublie un peu vite qu’un contexte poignant et des regards langoureux ne suffisent pas à se priver d’un scénario convaincant. Le film souffre de longueurs liées à la répétitivité des scènes : la caméra reste aux côtés d’Ali, enfermé dans son luxueux appartement, systématiquement tiré de sa solitude par les coups de téléphone de sa femme exilée au Canada et les coups de sonnette de Sara, qui passe chaque soir la nuit avec lui. Cette fiction inspirée de faits réels manque également d’originalité. Les clichés sont nombreux : on peut citer l’opposition entre Sara, impétueuse, au voile porté nonchalamment et la jeune femme de ménage au voile bien serré et aux yeux baissés – réduire une individualité au port du voile semble manquer de nuance. De la même façon, l’opposition est facile entre la jeunesse et la vieillesse que la passion réunit… Ce film, interdit en Iran et donc à destination d’un public occidental, aurait également gagné à être plus bavard. On aurait aimé qu’Ali expose davantage ses blessures d’ancien révolutionnaire et que Sara révèle mieux la situation des jeunes Iraniens contre laquelle elle s’insurge.

Et pourtant, une grâce indéniable se dégage du film. La réalisatrice, qui a privilégié la gestuelle et les regards aux dialogues, est sauvée par Mina Kavani, la merveilleuse actrice qui interprète Sara. Impossible de se détacher de ses grands yeux bleus et de son sourire franc, aussi agaçant son personnage puisse-t-il parfois être. Les images d’archives des manifestations, filmées sur téléphones portables, accompagnés des tweets de Sara, donnent de la profondeur et de la modernité au récit tout en rompant la monotonie du scénario. La séparation entre l’intérieur et l’extérieur se fait même poétique alors que les Allahu Akbar résonnent, la nuit, hurlés par les personnes ayant perdu un proche dans les manifestations.

La musique, signée Ibrahim Maalouf, est une parfaite réussite. Si le final manque un peu de clarté quant à son message, on se souvient longtemps de cette histoire d’amour à l’image de la Vague Verte : belle, mais qui finit mal.

Découvrez la bande-annonce de Red Rose,  Sepideh Farsi :

Louise Bollecker

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Interview de Laurent Duarte, programmateur du FIFDH, dans Les Invitations de Louise

Dans ses Invitations culturelles, Louise Bollecker passe en revue un livre, un film, une exposition et une pièce de théâtre avant de recevoir un invité venu présenter un projet culturel. Ce mois-ci, elle a rencontré Laurent Duarte, programmateur du Festival international du film des droits de l’Homme. Passionné, il nous explique la façon dont lui et son équipe sélectionnent les films en compétition. Subversives, informatives ou émouvantes, les œuvres présentées se démarquent par la qualité et l’originalité de la forme et du fond. La force du Festival selon Laurent ? Les débats qui suivent les projections. Retour sur cette démarche citoyenne, ludique et audacieuse. 

Pour écouter le replay de l’émission, rendez-vous sur le site de Radio Agora.

 

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«  Uncanny Valley »: Stupeur et tremblements au FIFDH

Avec Uncanny Valley, l’autrichien Paul Wenninger fait du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris un lieu ouvert à la performance artistique. Une prouesse technique au plus près de l’émotion humaine.
Uncanny Valley de Paul Wenninger – Teaser from Films de Force Majeure on Vimeo.

Un film saccadé pour illustrer les tremblements apeurés des personnages

Vingt secondes de noir sur fond de bruits d’explosion qui se transforment subtilement en battements réguliers de grosse caisse, avant que n’apparaisse, morcelé et déchiqueté, le titre. Une séquence d’ouverture d’envergure pour ce court-métrage d’une dizaine de minutes seulement. C’est que l’artiste Paul Wenninger invite le spectateur à faire une expérience. Bien vu : la lutte et l’entraide de ces deux soldats de la Première Guerre Mondiale pour survivre ne laisse en effet pas indifférent.

Le chorégraphe et musicien qui avait déjà utilisé la stop-motion pour ses œuvres précédentes, a recours à cette technique avec Raul Maia et Jan Jakubal, de vrais acteurs dont il faut saluer la performance. Filmé image par image, le film suit son cours de manière quelque peu hachée pour coller parfaitement au sentiment de peur des deux personnages qui cherchent à s’extirper d’une tranchée. Le mouvement de la caméra suit leur progression avec forces travellings et angles coupés, comme autant de balles tirées lors des fusillades. Paul Wenninger se met lui-même brièvement en scène dans cet univers où l’on évolue par à-coups, comme pour poursuivre son travail sur le corps en mouvement cristallisé dans son premier film, Trespass.

Le droit d’avoir peur

Initialement prévu pour être exposé au Musée d’Histoire naturelle de Vienne en 2015 pour la commémoration de la Grande Guerre, Uncanny Valley se termine précisément dans l’institut. L’un des soldats est figé derrière une vitrine tandis que le silence se fait, et que le film retrouve un rythme naturel. Les visiteurs – nous ?- déambulent en regardant cette statue de chair et d’os. La peur est passée. L’acte de faire mémoire des horreurs de jadis est renouvelé. Paul Wenninger jette un pont entre hier et aujourd’hui, démarche intellectuelle et artistique que sait apprécier un Festival du Film sur les Droits de l’Homme.

Marie-Lucie Walch

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Les pécheresses : l’esthétique au service de la critique féministe

Prix du Public ainsi que Prix du Jury du Meilleur Court Métrage d’Animation au Festival Mauvais Genre de Tours 2015, le premier court-métrage de Gerlando Infuso est présenté en compétition au FIDFDH de Paris. Une plongée poétique et cruelle sur le sort des femmes depuis l’origine.

Il aura fallu quatre ans au réalisateur de trente ans pour porter son projet de ce court-métrage d’animation au grand public. Eklektic, la maison de production belge ne s’y est pas trompée en accueillant ce jeune talent. Fasciné par le conte de Barbe-Bleu, Gerlando Infuso y remarque un certain nombre de points communs avec le récit de la genèse. Il décide d’exploiter ces correspondances dans un film. Les Pécheresses raconte ainsi le destin entremêlé de trois femmes qui « pèchent » de diverses manières et dans différentes époques.

Un film sans parole qui en dit long

Le scénario emprunte ces figures féminines à différents mythes : Cendrillon est l’esclave de Barbe-Bleu et sera cruellement punie par sa curiosité, tandis qu’Eve a une vision prophétique et sombre de l’avenir si elle croque la pomme défendue. A ces deux histoires s’ajoute le destin cruel d’une danseuse de cabaret dont les poses aguicheuses attirent les sévices de son public masculin. Cette synthèse fait ainsi ressortir ce qui, selon Gerlando Infuso, fait l’essence des récits féminins, à savoir l’exploitation de la femme et son fondement essentiellement misogyne. 

Le film s’ouvre avec le traditionnel « Il était une fois la femme… » et se termine sur un jugement sévère : « C’est écrit dans les livres et les contes de fée. Tu dois payer. » Cohérent sur le fond tant que sur la forme, la seule parole féminine accordée est celle de la voix off, tandis que les personnages en sont privés. Cette distribution exclusive est illustrée par une femme bâillonnée lors d’une séquence de passage en revue des femmes persécutées dans le monde.

Esthétique léchée

Femme voilée, femme ménagère, femme objet en geisha ou pool dancer… En moins d’un quart d’heure la femme est battue, lapidée, crucifiée et violée. Ce scénario intelligent est servi par un montage un peu convenu quoique très travaillé. Notons que le décor et les marionnettes du court-métrage sont exécutés par Gerland Infuso, lui-même. Le récit féministe se termine sur une pirouette aussi surprenante qu’énigmatique : c’est finalement Adam qui mange le fruit défendu…sans la conséquence terrible que prévoyait celle dont le nom hébreu signifie « La mère des vivants ».

L’esthétique impeccable du film nous plonge dans un univers gothique et féérique assez pessimiste. Les visages aux traits anguleux et aux orbites globuleuses suggèrent efficacement l’angoisse et le sentiment perpétuel de menace pesant sur les personnages. Tim Burton n’est pas loin. Comme la star américaine de l’Etrange et son compositeur fétiche Dany Elfman, Gerlando Infuso confie sa bande-son aux cordes et l’air jazzy de Philippe Tasquin qui avait déjà composé la superbe musique de ses projets d’études déjà remarqués, Milovan Circus (2008)  et L’Œil de Paon (2010) .

Talent à suivre de près.

Découvrez la bande-annonce

Marie-Lucie Walch

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Le sens du toucher : la Bête fait la Belle

Dans la catégorie des courts-métrages d’animation au Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris, Le sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo introduit le handicap et la difficulté d’ouverture à l’autre. Un film sans parole qui en dit pourtant beaucoup.



Si son nom est long, son troisième film, en revanche, est bref. En douze minutes, Jean-Charles Mbotti Malolo touche du doigt les différences extérieures qui peuvent empêcher la rencontre avec l’Autre. Il fait interagir deux personnages sourds et muets que tout semble opposer, et dont le premier rendez-vous amoureux lors d’un dîner tourne à la catastrophe. Lui, rigide et maniaque est allergique aux chats. Elle, désordonnée et légère vient tout juste de recueillir deux félins. Ce qui était à prévoir arrive: ils se tendent, se disputent et la rupture menace d’éclater à tout instant.

Eveil des sens, éveil à l’autre

Forcément sans parole, le court-métrage respire aux bruits du quotidien amplifiés par le silence instauré par ce handicap de la communication par excellence. A défaut de conversation verbale, les personnages entament une série de gestes et de postures chorégraphiés par Jean-Charles Mbotti Malolo. Adepte de danse popping depuis son adolescence, le réalisateur de 32 ans s’est inspiré des mouvements de deux vrais danseurs pour animer ses personnages.

Servies sur une musique composée et chantonnée plus que chantée par Camille, les séquences dansées illustrent la communion de deux corps qui recherchent un cœur à cœur. Les efforts déployés par la femme pour éviter le repli de l’homme sur lui-même rappellent d’ailleurs ceux de la Belle envers La Bête. Car toucher est une chose, se laisser toucher en est une autre.

Confection traditionnelle pour plus de matière

Traiter ce sens du toucher à travers le septième art n’est pas chose aisée. A l’heure de l’animation numérique, l’artiste lyonnais relève pourtant le défi dans son dessin animé sur papier « parce que, explique-t-il, c’est de la matière, l’odeur des crayons quand on les taille, la peinture, etc. »

Jean-Charles Mbotti Malolo dessine également les ondes invisibles provoquées par des actes d’intentions (colère, réconfort, appel au secours), qui se propagent au-delà des distances et des barrières. Le sens du toucher démontre bien comment nos liens sont faits de paradoxe. Il faudra même attendre que la vue d’un des personnages soit affectée pour qu’il accepte d’entrevoir la possibilité d’une relation. Une belle leçon de dépassement des handicaps et blessures qui renferment.

Marie-Lucie Walch
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Hushh : « Apporter une ouverture au public »

Le groupe Hushh a enchanté le Festival International du Film des Droits de l’Homme ce
samedi 5 avril entre deux projections. Pendant une heure, le duo franco-libanais-tunisien a chanté la joie de vivre libre, le temps qui passe et les choix essentiels à poser.

« Hushh », avec deux h, en écho aux deux musiciens, Raphaël et Chrys. « Hushh » en souvenir de la chanson sur laquelle ils se sont rencontrés en 2008, « Summertime » de Ella Fitzgerald. Hushh. Silence comme celui qui règne au premier étage du cinéma Le Luminor ce samedi. La voix puissante et profonde de Chrys alterne les compositions du groupe et des reprises de Christine and the Queens ou de Lââm. L’autre moitié du tandem, Raph « qui sur les cordes se promène », enchaîne les accords aux sonorités méditerranéennes et orientales sur sa guitare à nylon electro. Le public est invité à battre des mains ou chanter avec les deux musiciens visiblement ravis de partager leur art. En français, en anglais ou en arabe, les paroles de Hushh traduisent un optimisme communicatif que les applaudissements finaux lui rendent bien.

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Le duo Hushh au Luminor, samedi 5 avril 2016 © Marie-Lucie Walch

L’exil et la joie

Si Chrys est à l’aise sur scène, Raph parait plus timide. Le nom du groupe semble lui aller
comme un gant. « On dit souvent que le silence fait partie de la musique » se justifie malicieusement cet ancien guitariste de conservatoire passé par le jazz. Ces deux enfants d’immigrés ont pourtant des choses à dire. Ils chantent leur identité, l’amour et la tolérance, « sans vocation politique, mais toujours de manière positive. »

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Fille d’émigré libanais, Chrys chante la liberté et l’exil © Marie-Lucie Walch

Leur premier single, qui les a fait connaître sur la toile, est aussi le titre de leur premier album.  »Jamais perdus » « parle des choix qu’on a à faire dans la vie pour ne pas rester bloqués. » Pour Chrys, le plus important est le mouvement : « tant qu’on avance, on va toujours quelque part. Et ce quelque part va forcément être rempli de bonnes choses même si cela n’était pas prévu. Il faut arrêter de psychoter et s’ouvrir pour voir ce qu’il y a autour de nous. On est souvent très agréablement surpris. »

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Originaire de Séfarade, Raph joue de la guitare « depuis tout petit » © Marie-Lucie Walch

La musique comme moyen de faire du bien

Cette « libanaise à l’africaine » comme elle se définit elle-même dans le titre  »A l’africaine », a toujours chanté en chorale et à l’église, que ce soit pendant ses premières années en Côte d’Ivoire ou au Liban durant son adolescence. De la variété au chant lyrique, Chrys trouve avec Raph un équilibre qui a bouleversé leur vie musicale à tout deux. « Pour nous, c’est important d’apporter une ouverture et une énergie positive à notre public, surtout en ce moment. » Encore en tournée pour leur premier album, ils sont en pleine composition du prochain.

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Le duo s’est rencontré en 2008 et compose son premier album six ans plus tard © Marie-Lucie Walch

Lorsque le FIFDH fait appel à eux, les deux musiciens se retrouvent dans les thématiques
abordées. « D’autant plus que musicalement, c’est super intéressant de combiner à la fois du live et de la composition, précise Raph. Nous avons été très libres d’exprimer ce que l’on souhaitait. » Quelques mois plus tard, ils signent la bande son de la bande-annonce du Festival dans laquelle on reconnait le coup de main de maître de Raph et les accents intenses de Chrys qui traversent les images, comme une plainte.


Marie-Lucie Walch

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Blacks Panthers Party : histoire d’une révolution

En compétition pour le Festival International du Film des Droits de l’Homme, le documentaire Black Panters, prémices d’une révolution raconte l’histoire, assez
méconnue en France, de ce parti s’inscrivant dans la lutte des droits civiques. A
voir absolument.

Le documentaire commence par une histoire allégorique. Trois aveugles sont face à un éléphant. Le tâtant, le premier affirme « c’est un mur ». Le deuxième, en touchant ses défenses, pense que c’est une arme. Enfin le troisième, caressant la trompe de l’animal, clame que c’est un serpent. La vérité, c’est que c’est un peu tout à la fois et surtout que c’est plus complexe que cela n’en a l’air. Comme le mouvement des Black Panthers.« It wasn’t nice and clean, le dit d’ailleurs une ancienne du groupe, it was complex ».

Commençant en 1966 et s’éteignant progressivement dans les années 70, le mouvement a brassé de nombreuses idées, de nombreuses personnes, se mêlant avec l’Histoire, la grande, celle des États-Unis. Raconter cette histoire était un pari risqué, comment ne pas tout mélanger, comment expliquer sans perdre le spectateur ? Stanley Nelson s’y est pourtant attelé, prenant le sujet à bras le corps. Le documentaire est à l’image du mouvement : vivant, grouillant, dense et enthousiaste. On peut reprocher certaines longueurs et parfois un trop plein d’informations au film. Mais, porté par les musiques entrainantes des seventies et les slogans chantés par des manifestants, il réussit à nous ravir, dans les deux sens du terme.

Tout commence donc, en 1966. La guerre du Viêt-Nam fait rage, les mouvements autour des femmes, des homosexuels et des droits civils commencent à se faire entendre. Deux jeunes hommes en Californie, Huey P. Newton et Bobby Seale décident de fonder un groupe, « Black Panthers Party for Self-Defense ». Il s’agit d’apprendre aux Noirs à se défendre face aux violences policières, et de surveiller attentivement ces dernières. Marre lorsqu’on est battu de toujours tendre la deuxième joue. Maintenant, ce sera œil pour œil, dent pour dent. Le mouvement est lancé. Il se déplace à Sacramento et c’est là qu’il se développe.

La panthère n’attaque que si on l’agresse, et alors elle se prépare à répliquer. Le port d’arme est légal, les jeunes hommes du mouvement s’en servent, sans toutefois les utiliser, pour montrer le sérieux de leur démarche. Le mouvement perçoit dès les débuts l’importance des médias, et va s’en servir pour défendre sa cause et se faire connaitre. Bientôt, les Blacks Panthers attirent tous les jeunes hommes noirs ainsi que les jeunes filles. Car il faut savoir que plus de la moitié des membres actifs sont des femmes, une première pour un parti.

Le documentaire alterne entre images d’archives et commentaires d’anciens membres du parti. S’y mêle également des témoignages de policiers, d’historiens et de journalistes. C’est l’histoire d’une révolution que veut raconter Stanley Nelson, et le parti pris de la narration est une réussite. Car plus qu’un parti pour les droits des noirs, les Black Panthers sont un mouvement social et politique. Anticapitaliste, antisystème, communiste, marxiste, c’est toute une idéologie qui se met en place, avec un manifeste pour référence. Du côté social, il y a une réelle volonté de se mettre au service de la communauté, comme en atteste par exemple les petits déjeuners offerts aux enfants avant l’école (20 000 repas par semaine tout de même) ou la volonté de développer un système de santé venant en aide aux plus pauvres.

Bien entendu, une révolution ne se fait pas sans que le sang ne soit versé. Le gouvernement et en particulier le FBI, mené par un Edgar Hoover méprisant et jusqu’au-boutiste, voit dans ce parti une menace pour la société. Rapidement, les membres du parti sont considérés comme des terroristes. Les arrestations et les fusillades s’enchainent, les morts aussi. Finalement, le FBI réussit à faire imploser le parti, grâce à ses espions et en exacerbant les tensions entre les
différents chefs. Les membres connus de la première heure se retirent, laissant la communauté noire devant un vide immense. Fin des années 70, le parti se meurt.

Aujourd’hui, les idées des Black Panthers ont fait leur chemin, de nombreux points du manifeste ont été votés et adoptés aux USA ainsi que dans d’autres pays, comme le Canada. Le parti n’existe plus, mais la lutte continue, du moins en ce qui concerne les droits civils, avec le mouvement lancé en 2013, Black Lives Matter. L’histoire s’écrit toujours, mais la jeunesse et l’enthousiasme des années 60 a fait place au sérieux et à la gravité. D’où l’importance et l’urgence de transmettre cette histoire, cette vitalité, en la démystifiant et en expliquant les faits, même les plus complexes. Preuve qu’un éléphant, ça ne trompe pas forcément.

Regardez la bande-annonce :


Valentine Martin

3 minutes and a half, 10 bullets, Un procès sans gilet pare-balle

Trayvon Martin, Jordan Davis… Des jeunes hommes noirs morts par arme à feu car jugés menaçant. Mais derrière les noms, il y a les familles, les amis qui restent. Ce documentaire suit le procès de Jordan Davis, et montre que les inégalités raciales persistent aux USA.

Le documentaire commence presque joyeusement. On y voit les deux parents de Jordan se
rappeler de bons souvenirs, ils ont l’air complice et rient en se souvenant de certains détails du passé. Seul moment de détente, bulle d’oxygène, avant qu’ils ne se jettent à nouveau dans un combat qui pompe toute leur énergie, toutes leurs émotions. Quel combat exactement ? Au début, on ne sait pas. Le spectateur ignore ce qu’il s’est passé. On se retrouve dans un tribunal, en plein procès. Il y a la famille et les amis de Jordan Davis, qui passent à la barre et qu’on questionne. Il y a aussi cet homme blanc d’une quarantaine d’années, l’air patibulaire, assis au premier rang, qui les observe, plein de dédain. On serait dans un Disney, on comprendrait tout de suite que ce personnage est le méchant, tellement il est laid et inspire la méfiance. Mais on n’est pas dans un Disney et le méchant, Michael Dunn, l’accusé, explique que c’est plus compliqué que ça n’en a l’air. Du moins, son avocat l’explique.

C’est là que les pièces du puzzle se mettent en place et que l’on comprend, petit à petit,
pourquoi tous ces gens se retrouvent bloqués dans ce tribunal. 23 novembre 2012, jour de
Black Friday aux Etats-Unis. Jordan Davis et ses amis sont dans une station-service, pour
s’acheter des cigarettes et des paquets de chewing-gum. Ils écoutent de la musique très forte, trop forte. Dans la voiture d’à côté, Michael Dunn, dont la fiancée est venue ici se procurer du vin. Il demande aux garçons de baisser le volume. S’ensuit des passes d’insultes, de phrases provocs’ et soudain, un revolver s’invite dans le débat. En trois minutes et demie, dix balles sont tirées et transpercent le corps de Jordan Davis, qui meurt sur le coup. Michael Dunn prend la fuite avant de se rendre à la police le lendemain matin. Il plaide non-coupable et la légitime défense. Il a vu que Jordan Davis se baissait pour ramasser une arme dans la voiture, il en est sûr. Pourtant, aucune arme n’a été retrouvée dans la voiture des jeunes garçons.

Depuis quelques années, il existe une loi dans certains états des USA (comme dans notre cas en Floride) qui s’appelle « défendre son territoire ». Elle permet au citoyen lambda de se défendre s’il se sent menacé. Toute la nuance se trouve dans cette subjectivité « s’il se SENT menacé ». Pas la peine que la menace soit réelle, si ledit citoyen a l’impression de ne pas être en sécurité et qu’il a une arme, c’est bon, il peut tirer. Devant un tribunal, il sera acquitté. Cela nous parait complètement fou, insensé, en bon petit Français anti-arme que nous sommes. Mais pour quasiment tous les Américains, le second amendement, sur la liberté individuelle de porter une arme, est sacré. C’est même une obsession, celle de voir des menaces partout et de vouloir se défendre seul, d’en avoir le droit. Tout le nœud du procès se trouve donc là, savoir s’il y avait une menace, si Michael Dunn pouvait réellement penser que sa vie était en danger.

Le documentaire se place du côté de la famille et des amis de Jordan Davis. Il alterne entre
des scènes au tribunal, des témoignages de ses proches, de ce qu’ils font pendant leur temps libre, maintenant que Jordan n’est plus là et que le procès bat son plein. Il y a aussi, et c’est une des bonnes idées de Marc Silver, le réalisateur, les appels sur écoute qu’a passés Michael Dunn à sa fiancée, de prison. L’homme est abasourdi, c’est tout de même lui la victime, il allait se faire tuer, il s’est défendu ! Il se compare alors, moment de grâce, à cette fille légèrement vêtue, qui se fait violer et se retrouve coupable du viol aux yeux des autres. Le spectateur se rend compte que Michael Dunn ne se sent absolument pas coupable, qu’il ne regrette pas son geste. Y croit-il vraiment à sa version des faits ? Apparemment oui, et dur comme fer.

Toute la force du film repose sur l’émotion que le réalisateur veut faire passer au spectateur. Mais cette force peut aussi être sa faiblesse : musique triste, personneS en larme, cela peut sembler lourd. Pourtant, le documentaire réussit à éviter le pathos, en jouant justement entre les scènes dramatiques (les témoignages des parents, les photos de Jordan Davis enfant) et les moments au tribunal, où la rigueur et la solennité s’imposent, et où seuls comptent les faits.

Inutile de tourner plus longtemps autour du pot, même si les avocats n’en parlent pas, une
réalité apparait clairement durant le documentaire : rien ne serait arrivé si Jordan et ses
copains n’avaient pas été noirs. « Ils écoutaient une musique de voyou » dit Michael Dunn à Sa fiancée. Plus tard, il revient dessus en parlant « de sous-culture ». Nous y voilà. « Aux États-Unis, si un jeune blanc écoute du rap et prend de la coke, comme Justin Bieber, c’est qu’il est un peu perdu, explique un ami de Jason. Mais s’il est noir, c’est tout de suite un voyou, un danger potentiel ». Un an plus tôt, un jeune garçon noir (Trayvon Martin) s’est lui aussi fait descendre parce qu’il marchait seul dans la rue, en portant un sweat à capuche. Un Noir avec une capuche ? Danger ! L’assassin a été acquitté. Le père de Jason nous raconte cette anecdote : après avoir appris la mort de Jason, le père de Trayvon lui a envoyé ce message : « Bienvenue dans ce club dont personne ne veut faire partie ». Un club où les Jeunes garçons noirs meurent et où les meurtriers blancs s’en tirent à bon compte. L’American Dream quoi.

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Valentine Martin

The Dream of Shahrazad : un récit enchanteur des Printemps Arabes

Présenté hors-compétition au FIFDH, le documentaire de François Vester offre une lecture
passionnante des événements qui ont secoué l’Égypte et la Turquie en 2011. Il va à la rencontre des artistes pour entendre leur ressenti et leur implication dans cette période. Un point de vue original qui replace l’Art au centre de la Société.

Un chef d’orchestre engagé, une jeune Youtubeuse en recherche existentielle, une troupe de conteurs ambulatoire, un dessinateur obsédé par l’image de la princesse Shéhérazade : tous se posent la même question. Quelle est leur place dans la société, et quel l’intérêt social et politique que leur art pourrait lui apporter ? François Verster suit leurs périodes de création avant, pendant et après les violences du Printemps Arabe. Le réalisateur sud-africain choisit un fil rouge métaphorique et bien ancré dans la culture arabe : la princesse Shéhérazade qui racontât pendant 1001 nuits presque autant d’histoires, de chants et de réflexions au cruel et despotique sultan Shahrija. Dans The Dream of Sharazade, les artistes sont ainsi assimilés à la princesse qui s’exprime librement face à la tyrannie.
Un documentaire au rythme de Korsakov
Au gré des événements et des rencontres avec les artistes, François Verster écrit l’histoire du peuple égyptien et turc en quatre volumes. Naturellement, The Dream of Sharazade
commence par « Il était une fois ». Viennent ensuite « les histories de changement », puis ce qu’il en reste « après la bataille ». Contrairement aux 1001 Nuits originelles, le documentaire veut imaginer ce qu’il se produit après que la princesse a raconté toutes ses histoires. Aussi présente-t-il une dernière section : « Book Four : le futur du Saltan Shahrija ».
Tout musicien qu’il est, François Verster fait coïncider ce découpage littéraire à celui des
quatre mouvements de la suite symphonique du Rimsky-Korsakov. Au-delà de la frontière
culturelle, le compositeur russe fut également inspiré par le mythe de la conteuse royale qui sauva son peuple des cruautés du sultan en imaginant la partition de Sheherazade opus 35. L’interprétation qu’en donne l’orchestre philharmonique jeune national turc conduit
entièrement le film. La bande-son en allegro donne aux images d’archives des émeutes et les actes de révoltes un ton à la fois dramatique et d’une violence extrême.
L’engagement de l’artiste
Face caméra, les artistes se posent des questions existentielles liées à leur position
traditionnellement marginalisée et les tensions politiques de leur pays. Un acteur égyptien
confie ainsi avoir été bouleversé après les manifestations de 2011 : « J’ai eu l’impression que les gens normaux s’exprimaient mieux que moi, mieux que les artistes ne pourraient jamais le faire. A quoi donc puis-je servir ? » D’un autre côté, le directeur de la troupe de conteur explique avoir « enfin l’impression d’appartenir à une société ». Avec ses comédiens, il va à la rencontre du peuple égyptien afin de raconter de l’intérieur son histoire pendant les révoltes. The Dream of Sharazad expose ainsi comment ces troubadours du Proche Orient contribuent à faire circuler les idées démocratiques et un esprit de liberté malgré le régime d’oppression. Autant de témoignages précieux qui exposent la créativité sous les dictatures.
Sans nier la difficulté de la situation en Turquie et en Égypte, le documentaire est plutôt
optimiste. Le chef d’orchestre, qui anime depuis 2007 une université d’été « démocratique » auprès des jeunes musiciens, les stimule en des termes forts : « En tant que musiciens, vous avez le pouvoir de changer la vie des gens en trois minutes. »
Il en faudra 170 de plus à François Verster pour changer la nôtre. Du moins, est-ce là son
souhait, comme l’expriment ces vers de conclusion : « Écoutez, car cela ne risque peut-être de ne jamais arriver ; Écoutez car c’est le seul rêve qui demeure. »

 

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Pour trouver une séance, rendez-vous sur le site du FIFDH.
Marie-Lucie Walch

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